Mon ami,
T'es parti de chez toi, je crois, le même jour que moi mais moi, j'ai toujours eu un toit. Mais depuis ce jour-là, je te regarde, mon ami, pour que je n'oublie pas que j'ai de la chance, beaucoup de chance.
Tu viens d'Afrique Noire, d'un pays que Dieu a laissé tomber, d'un pays où ça ne sert même à rien de pleurer. T'as traversé la mort pour venir voir ta tête au nord.
Samedi, place Montesquieu, tu pousses ton caddy volé, un sac poubelle dedans, un sac de couchage et t'as de la chance aujourd'hui, la moitié d'un pain blanc. Les louveteaux de 8 ans te regardent et rigolent de toute l'arrogance de leurs dents. C'est qu'avec ton manteaux d'un autre temps, t'as l'air décalé mon frère et eux, dans leurs moules, y sont déjà pas mal emboités, même avec la messe du dimanche obligatoire...
A la librairie Agora, on peut lire gratuit...personne ne te dit rien...On recule un peu pour te laisser l'espace de ta misère mais c'est tout. Ça me fait plaisir de te voir là . Je te souris..au chaud avec les livres, une heure ou deux , c'est toujours ça. Tu sais lire, mon frère et à ce que je vois, tu ne choisis pas la collection Arlequin; Est-ce que la philosophie aide ou n'aide pas à supporter sa propre condition ? là est la question...
Le soir tombe...
En face de la pharmacie, dans le porche de l'ancien immeuble des contributions, tu vas t'installer. Tu étales ton sac de couchage et tu attends un autre jour, pareil à celui-ci.
A toute heure de la nuit, des étudiants ivres de bières, de richesses, de bêtises passent en criant devant ton porche , te réveillent sans vergogne.
J'ai compté ...ça fait 5 mois , mon frère que tu vis ici..si on peut appeler cela vivre..
T'es parti de chez toi, je crois, le même jour que moi mais moi, j'ai toujours eu un toit. Mais depuis ce jour-là, je te regarde, mon ami, pour que je n'oublie pas que j'ai de la chance, beaucoup de chance.
Tu viens d'Afrique Noire, d'un pays que Dieu a laissé tomber, d'un pays où ça ne sert même à rien de pleurer. T'as traversé la mort pour venir voir ta tête au nord.
Samedi, place Montesquieu, tu pousses ton caddy volé, un sac poubelle dedans, un sac de couchage et t'as de la chance aujourd'hui, la moitié d'un pain blanc. Les louveteaux de 8 ans te regardent et rigolent de toute l'arrogance de leurs dents. C'est qu'avec ton manteaux d'un autre temps, t'as l'air décalé mon frère et eux, dans leurs moules, y sont déjà pas mal emboités, même avec la messe du dimanche obligatoire...
A la librairie Agora, on peut lire gratuit...personne ne te dit rien...On recule un peu pour te laisser l'espace de ta misère mais c'est tout. Ça me fait plaisir de te voir là . Je te souris..au chaud avec les livres, une heure ou deux , c'est toujours ça. Tu sais lire, mon frère et à ce que je vois, tu ne choisis pas la collection Arlequin; Est-ce que la philosophie aide ou n'aide pas à supporter sa propre condition ? là est la question...
Le soir tombe...
En face de la pharmacie, dans le porche de l'ancien immeuble des contributions, tu vas t'installer. Tu étales ton sac de couchage et tu attends un autre jour, pareil à celui-ci.
A toute heure de la nuit, des étudiants ivres de bières, de richesses, de bêtises passent en criant devant ton porche , te réveillent sans vergogne.
J'ai compté ...ça fait 5 mois , mon frère que tu vis ici..si on peut appeler cela vivre..
On ne vient pas tous sur la terre dans les mêmes conditions...
Non vraiment pas
10 commentaires:
Bel et émouvant écrit.J'ai toujours mal au ventre de voir notre façon de les traiter.Peut-être parce que mes parents l'étaient aussi ...émigrés. Peut être de la même façon, mais dans les années 35-39,alors qu'il y avait aussi une récession, ils en ont pâti les premiers !!
Bises !!
Cela me fait penser à la chanson de Maxime Leforestier "être né quelque part ". Oui ! J'ai eu de la chance de naître en France le pays des droits de l'homme qui en laisse tant à la rue!
J'aimerai ne pas voir des gens sans toit, des familles en attente des années dans des hôtels miteux où l'on pratique des tarifs mafieux, j'aimerai voir des familles pauvres aidées au lieu d'être séparées, leurs enfants confiés à des étrangers. J'aimerai que mon gouvernement, ces gens égoïstes et cupides que je n'ai pas choisi, prennent les responsabilités qui leur incombent. Avoir un toit et de quoi se nourrir n'est-ce pas un minimum dans un pays comme le mien?
D'un autre côté, le monde tel qu'on le connait est en train de sombrer, et comme Patriarch le fait remarquer ce sont les plus faibles les pauvres, les immigrés qui vont encaisser les soubresauts des sociétés occidentales. Patrons sans conscience exploitant la misère, ce n'est pas non plus ce que je souhaite pour les gens que mon pays accueille. Tant de choses à changer...
Quel bonheur d'avoir chacun à notre porte chaque matin matière à transformer un peu du monde autour de nous...
Vraiment...
Passer de l'émotion à l'action en ce moment de commémoration convenue des murs qui tombent...
s’exercer à faire...
Oui, gratitude à la vie...
jj
coucou catherine
C'est par ce début d'hiver que plusieurs blogs parlent de cette misère et à chaque fois qu je lis les mots ont diu mal àfranchir ma gorge. Tu sais on changera pas le destin et certains ont choisi cette vie, pas gratuitement non plus mais pour des raisons qu'on ne peut pas toujours comprendre. Tu sais c'est un sujet sensible pour moi qui est perdu mon frère dans la rue par une nuit de grand foid il y aura 2 ans à Noël je t'invite à lire "incompréhension" dans la catégorie douleur
Bises
Et depuis 5 mois personne ne lui a offert d'hébergement ?
On en croise le jour avec leurs richesses dans un grand sac
Nous ne sommes pas égaux, c'est vrai
un très beau texte
je t'embrasse Catherine
Bonjour,Catherine, j’ai le plaisir de t’annoncer que je t’ai décerné un « Awesome blogger ». Tu en liras les conditions sur mon blog, je te souhaite une bonne journée !
Je suis très touchée par le regard que tu portes sur cet homme...Non, il ne faut pas les oublier..
on ne saurait jamais assez attirer l'attention sur ces situations injustes et révoltantes !
Mais je voudrais surtout te dire que ton texte est superbe et ,comme toujours, empreint d'humanité, de tendresse et de pudeur-
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