vendredi 30 mai 2008

Amitié de filles

J'aime beaucoup la peinture tendre et colorée de Juliette. Elle a eu la gentillesse de me prêter deux de ses jolis tableaux (le baiser et tendresse-bressy) pour illustrer mon "amitié de filles".
Vous pouvez voir non seulement les peintures mais aussi les jolis mots de Juliette Beaudroit
ici et là.

Juliette est aussi pour et avec nous sur "Papier Libre"






Ton pouce en bouche
Et dans la mienne , ton autre main
Nous marchions dans la cour
Indifférentes aux marelles et aux petits crétins
Il nous manquait des dents, je crois
Deux dans ma bouche et dans la tienne, trois
Tout collés, collants étaient mes baisers pour toi

Ta robe mauve tachée de chocolat
Ma robe rose déchirée par endroit
Nous récitions la table de trois
Je n'aimais ni la maîtresse
Ni les crétins qui se moquaient de toi
Tout mouillés, mouillants étaient mes baisers pour toi

Ton maquillage, tes ongles peints
Mes talons hauts, ma robe de satin
Nous chuchotions les premiers émois
Tu pleurais un petit crétin
Je me consumais pour son cousin
Tout intimidés, intimidants étaient mes baisers pour toi

Tes affaires et ta carrière en main
Mon époux et mes poussins
Nous nous écrivons de loin en loin
Tu aimes toujours les crétins
Je ne mets plus de robe de satin
Mais me manque obstinément
La tendresse de tes baisers à toi.

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mercredi 28 mai 2008

A deux voix

Mon amie Tisseuse m'a proposé d'écrire un texte sur ce tableau de Rafal Olbinsky. C'est avec grand plaisir que j'ai répondu à ce défi et avec plus de plaisir encore que j'ai entendu l'écho du poète répondre à mes mots....

ELLE

Dès le début du chemin
J'ai su que cet amour
Qui n'en était pas un
Ne tenait qu'à un fil
Moi,
J'étais assise,
Sûre de mon amour nu
Et toi, je te voyais
Te balancer, te balancer
Entre indifférence et infidélité
Dans le ciel de mon âme déchirée
Les nuages noirs s'amoncelaient
Tu portais ce chapeau lourd de culpabilité
Et cette pointe rouge de manque d'amour fichée
Alors, un jour, tu as lâché le fil
Et je suis tombée...




LUI

Drôle de funambule
Qui déambule sur la corde raide
Vacillant entre amour et infidélité
Va-t-il tomber ou résister
A la tentation nue et libérée
Epanchée sur le pré
Ouverte de désir
Pauvre funambule
Même s’il tient la corde
Il tremble et oscille
A force de tirer sur la corde
Son salut ne tient plus qu’à un fil
Celui du rasoir
Qui ne se laisse pas retordre
Acéré comme la vérité
Nue assise sur le pré
Drôle d’histoire
Cousue de fil gris
Comme les sombres nuages
Qui tonnent au fond de l’image
Noir désir


PS: Je remercie "xxx" d'avoir participé avec moi à ce défi.

Je vous engage à aller lire chez "Tisseuse de liens" le texte magnifique qu'elle a écrit elle aussi sur ce tableau et qui intéressera tous les poètes.
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mardi 27 mai 2008

A bientôt Jeff !

Je vous écris dans l'espérance du Royaume ....(Colette Nys)



Quand quelqu'un apprend la mort d'un être cher, il reçoit un coup.
C'est tantôt un coup de coude, tantôt un coup au derrière.
C'est Dieu qui donne le coup pour réveiller
Mais ça ne dépend pas de Lui si on le reçoit au coude ou au derrière.
Si on est déjà sur une voie de progression spirituelle, c'est le coude
Si on est endormi dans la bagatelle,c'est le derrière.
Et ça fait plus mal ici que là.
Mais c'est toujours un appel et un réveil
J'ai remarqué qu'à chaque fois que quelqu'un est mort dans ma famille,
Quelque chose de moi est mort aussi
Plus donc j'ai enterré de parents, d'amis, d'êtres chers
Moins j'aurai à mourir quand ce sera mon tour.
Voilà pourquoi il ne faut pas regretter ceux qui partent avant nous.
On n'a qu'à mourir soi-même partiellement avec eux.
C'est leur travail d'emporter un peu de l'attachement aux autres.

Frère Antoine, une bouffée d'ermite



Ne craignez pas pour ceux que vous laissez.Votre mort en les blessant va les mettre au monde.

Jean Sulivan



Jean-François,

Danse ,
Ris,
Fais toi plein d'amis
Ecris nous des chansons,
Mais
Attends nous pour ton prochain concert,
Nous arrivons

Je dédie tous ces mots à Jacqueline et Louis.


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lundi 26 mai 2008

Aise

Petite pensée d'une hindouiste, soeur Usha de l'ashram de Vinoba!
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samedi 24 mai 2008

Grattage



Il fût un temps épouvantable
Où dans les matelas rembourrés de paille
Grouillait une population détestable...

Puces, punaises et autres bestioles y résidaient
Et la nuit venue, attaquaient jambes et corsages
On avait beau y répandre toutes sortes de poivres
Rien n'écartait cette vermine insupportable.

Le réveil commençait toujours par une séance de grattage
Qui transformait chairs roses et tendres en carnage

C'était misère cette vie dans les taudis
Mais que voulez-vous!
Beaucoup de gens vivaient ainsi...

Illustration : Giuseppe Maria Crespi dit lo Spagnuolo "La femme à la puce ou La Chercheuse de puces" vers 1720 au Louvre
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jeudi 22 mai 2008

La grande lessive

C'était au temps des grands trousseaux
Au temps des armoires pleines
On faisait la lessive deux fois l'an
L'une à l'automne, l'autre au printemps
Trois jours au moins durait la cérémonie
C'était la fête dans les familles




Il y avait le cuvier posé sur un trois pieds
Demi tonneau en bois de fer cerclé
Troué d'un pissoir d'où l'eau s'égouttait
Et qu'avec un torchon de paille, on bouchait

Le premier jour, on chargeait le cuvier
Dans le fond, les branches du fagot
Egouttoir parfait sur lequel on étendait
Le drap de toile avec les cendres en dépôt
Dessus, on arrangeait le linge
Du plus commun au plus beau
En strates ordonnées
On remplissait jusqu'en haut





Le lendemain, on versait l'eau chauffée
Par le trou, ça coulait, ça coulait
On la récoltait dans le baquet
Et encore, et encore, elle bouillait
sur les chaudières de la cheminée
Pour la remettre sur le linge imbibé.

Le troisième jour, les laveuses le sortaient
Et sur les charrettes, dans les corbeilles, le chargeaient
Armées de brosses et de battoirs
Elles allaient en cortège au lavoir
Savonner, frotter, taper
Il fallait les voir
Rire, chanter et s'amuser!



Après quelques heures , quels étendards!
Sur les près, sur les haies
Du cimetière jusqu'au lavoir!

De ces jours éblouis
Il ne reste aujourd'hui
Que le souvenir
De cette gaieté qui régnait
Les jours de grande lessivée!

Illustration 1 : Pieter De Hooch "L'armoire à linge"
Illustration 2 : Jean François Millet " La Lessiveuse"
Illustration 3 : Jean Baptiste Siméon Chardin "La Blanchisseuse"
Illustration 4 : Louis Léopold Boilly "Jeune femme repassant"

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mercredi 21 mai 2008

Le dîner



Mon amour, mon adoré,
Il y a si longtemps que je t'attends

Ce soir, tu viens pour le dîner
Près du chenet de la cheminée
La soupière tient le repas apprêté
Le jambon et le pain sont coupés
Ta haute flûte remplie de vin rosé
Je porte ma robe rouge sous mon tablier serré

Mon amour, mon adoré,
Il y a si longtemps que je t'attends

Voici la pièce plongée dans l'obscurité
Sur la table, la chandelle finit de se consumer
La servante à la lanterne m'a apporté un billet...

Mon amour, mon adoré,
Je t'attendais....

Illustration: Gérard Dou, "Femme arrangeant les petits pains du soir" XVIIè siècle, Francfort, Städelsche Kunstinstitut.


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mardi 20 mai 2008

Bon anniversaire!

Aujourd'hui, un de mes lecteurs fête son anniversaire.
Pour lui, voici des fleurs et quelques mots ....

Tôt ou tard, nous découvrons tous que les moments importants de la vie ne sont pas ceux que l'on affiche, pas les anniversaires, les diplômes, les mariages, les grands objectifs que l'on a atteints.



Les vrais jalons de notre vie sont moins impressionnants.



Ils arrivent à la porte de la mémoire sans s'annoncer comme des chiens errants qui vont d'un pas tranquille, reniflent un peu les alentours et finissent par ne plus repartir.


Ce sont eux qui déterminent notre vie

Susan Anthony


dimanche 18 mai 2008

Lettre à Agnès

Avez -vous déjà songé à confier votre photo à la contemplation de votre bien-aimé(e)?
Oui ?
D'autres l'ont fait, bien avant vous!



Ma douce Agnès
Voici que je t'envoie mon portrait
Rien n'y manque de ce que tu as aimé
Mes mèches claires désordonnées
Ce soupçon d'écume blonde de ma barbe clairsemée
Ma bouche tendre faite à tes baisers
Mes habits les plus somptueux
J'ai même mis mon béret
Car c'est pour toi, cette élégance recherchée
Vois, je te porte un chardonnet
Gage de mon amour et de ma fidélité
Sur cette terre et à jamais
Car, comme je te l'écris
D'en Haut, ma vie est réglée...

Albrecht Dürer a envoyé cet autoportrait à sa dulcinée Agnès Fry en 1493 avec cette inscription "Ma vie est pour ainsi dire réglée d'en haut". La fleur de chardon symbolise la fidélité masculine et la chance en amour.

Voici un autre autoportrait réalisé quelques années après.... (1500)




vendredi 16 mai 2008

Marie



Marie, douce Marie
L'ange t'a visitée
La fleur qu'il t'a donnée
Etait si lourde à porter....

Marie, douce Marie
L'ange t'a troublée
Près du mur recroquevillée
Est-ce que ,déjà, tu sais....





L'Amour de ce monde
Tu le tiens dans tes bras
La cruauté de ce monde
Tu l'emportes avec toi....

Marie, douce Marie
L'ange s'en va
Avec un sourire.....

L'illustration 1: Dante Gabriel Rossetti " Ecce Ancilla Domini" 1849-1850, Tate Gallery, Londres

L'illustration 2: Annibale Carrache " La Vierge pleurant le Christ" 1599-1600, Museo Nazionale di Capodimonte, Naples

Ma poésie est inspirée (d'une façon très éloignée!) de la chanson "Marie, douce Marie" paroles F. Thomas, JM Rivet, musique Ph Monnet chantée par Marie Laforêt en 1970.
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mercredi 14 mai 2008

La musique des sphères

Texte écrit en contemplant l'image proposée par Juliette pour la nouvelle consigne de "Papier Libre". L'image représente St Cado dans le Morbihan mais je ne sais pas si c'est une photo prise par Juliette. Juliette, dis-nous...

Quand mon âme sera fatiguée
Du tumulte des hommes
De leurs méfaits
Je partirai là-bas...

Un peu Bouddha sur les rives du Neranjura
Un peu Catherine à la via Benincasa
Recluse
Dans ma petite maison
Au milieu de l'eau
Isolée...

Livrée à la solitude exquise
Tranquille
En paix
En harmonie...

Car
L'harmonie
C'est de cela qu'il s'agit

Saisir le rythme
En faire partie

Quitter le chaos

S'intégrer aux mystères
Des forces naturelles de l'Univers

Entendre
Enfin
La douce musique des sphères...

lundi 12 mai 2008

Prière





Où vont toutes nos prières?
A qui pense-t-on quand on dit "Dieu"
Quel est ce mystère
Qui nous fait dire "notre père"
Alors qu'on ne sait guère
Qui habite les cieux
Ni même s'il y a quelqu'un
Dans ces lieux.

Ne pouvons nous nous suffire?
Pour qui ces envies, ces soupirs
Ces cathédrales et ces martyrs
Alors qu'on n'a jamais entendu dire
Qu'il y aurait réponse à nos désirs.

Que faisons nous sur cette terre?
Faudra-t-il attendre le cimetière
Pour enfin lever le doute et le mystère
Qui nous envahit ,nous désespère
Quand personne ne répond à nos prières.


.

Illustration 1: Jean Fouquet "Estienne Chevalier, trésorier de Charles VII, avec saint Etienne" vers 1450, Berlin Staatliche Museen. Germäldegalerie.

Illustration 2: Matthias Grünewald, "La Résurrection", 1515, Colmar, musée d'Unterlinden

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dimanche 11 mai 2008

Réalisme et liberté !

A la demande de Sylvaine, voici Gustave Courbet!






Assis dans mon atelier
Je barbouille ma liberté
Du rouge, du jaune, du vert
De mon indépendance

Je ne cherche plus l'élégance
Je peins ma vérité

Je tire ma force et ma vitalité
D'un nu imparfait
Des hardes de l'enfance

Du bout de mon pinceau
J'écarte les artifices
Je chasse les préjugés

Je veux gagner ma vie d'artiste
Sans compromis et sans céder
A ceux qui veulent m'empêcher
De peindre ma liberté.


PS: L'illustration c'est " L'atelier du peintre" de Gustave Courbet 1855. Cette œuvre fut refusée à l'Exposition Universelle de 1855. L'artiste fit alors construire, au centre de Paris, une baraque, "Pavillon du Réalisme" et y exposa librement ses oeuvres qui n'étaient pas aux goûts du jour
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Bonne fête maman



En ce jour de fête des mères, te voilà partie courir le monde, maman si dynamique et si occupée mais je sais que dès que tu rentreras, tu me liras et donc aujourd'hui voilà une fleur rien que pour toi ma si gentille et si tendre maman!
Catherine

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vendredi 9 mai 2008

Vénus beauté




Princesse de la lune
Femme au coquillages
Qui effleure d'un pied sage
Le nu doré de mon corps couché
Dans tes yeux, il y a l'envie
Alors, laisse ta chasse
Tes voiles et tes strass
Et offre moi tes cuisses douces
Tes épaules et tes tétons tendus
Viens Diane
Que la forêt résonne de tes cris.

Illustration : "Le repos de Diane" François Boucher (1742) détail.


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jeudi 8 mai 2008

Paradis



Heureuse et silencieuse
Je suis au Jardin

Ebauche de femme
J'étais aimée
Je suis partie un jour d'été
Belle et parée pour l'éternité
Isis à la main et à mes pieds
Je suis devenue sérénité
Dans un linceul de toile
Vous m'avez enveloppée
Refusant l'évidence des faits
Le paon m'a précédée
Espoir de mon immortalité
Confiée à la terre de Gayel
De ma main dessinée
Je vous invite à profiter
De votre jeunesse et de votre beauté
Moi
Je suis en paix

Silencieuse et heureuse
Je suis au Jardin

Illustration: fragment d'un linceul de toile d'origine copte (IIIè s.) représentant une jeune fille et provenant des fouilles de Gayel.
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mercredi 7 mai 2008

Kaï



Je ne sais plus qui je suis
Vous, vous me nommez Kaï
Je ne suis plus qu'un scribe accroupi
Issu de la cinquième dynastie
Je suis assis jusqu'à la fin
Dans mon corps de calcaire peint
Mes yeux incrustés en pierre dure
Vous regardent pour l'éternité
Je vous écris et vous écrirai
Ce que fut ma vie
Dans cet empire ancien
Où j'ai scellé mon destin
De scribe accroupi


PS: Que dire de plus de ce scribe accroupi que vous rencontrerez au Louvre si mes sources sont bonnes.
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mardi 6 mai 2008

Emerveillement!

Chaque jour, savoir pratiquer l'émerveillement



Savoir s'arracher à soi-même , savoir regarder
Aller au ravissement, respirer les rythmes du vivant


Se laisser éblouir, se laisser surprendre
Découvrir l'indicible de la beauté

Ouvrir sa carapace, laisser venir la louange
Célébrer les mystères, refuser l'indifférence



Echapper à la raison , accepter de pressentir, d'entrevoir
Se tenir au seuil de l'éternité, se laisser combler


Se frotter au corps frémissant de la vie
S'ouvrir des espaces, laisser flamber la clarté


Et contempler, surtout!