dimanche 7 mars 2010

Réciprocité

Je lis "Le phénomène érotique" de Jean-Luc Marion et j'y trouve ceci :

"L'amour ne se dit et ne se donne qu'en un sens unique, strictement univoque.(...)Une pensée correcte de l'amour se remarque par sa capacité à soutenir le plus loin possible l'univocité essentielle de son sens unique."


Je pense qu'il a raison.
Je pense que l'amour est toujours d'abord une aventure de soi à soi par rapport à autrui.
J'aime, j'ai été touché et c'est et cela demeure mon problème .
Pourtant quand j'aime, je souhaite instantanément la réciprocité de cet amour sous peine de nier en moi cet amour. Si l'autre ne m'aime pas, le plus souvent, je l'accuse de tous les maux. Or, au départ, le problème est chez moi et l'autre n'est pas responsable s'il ne peut répondre adéquatement à cet amour.
L'autre peut aussi répondre mais répondre imparfaitement à mon amour. Il peut ne pas être tout-à-fait conforme à mon élan personnel.
Je crois que de nombreuses relations se construisent comme cela, cahin-caha avec une assymétrie permanente entre les attentes et les réponses de l'un et de l'autre.
Dans le cas le plus positif, cette assymétrie va évoluer doucement vers une meilleure adéquation entre les attentes et les réponses et une relation durable et heureuse peut s'installer entre les partenaires.
Dans les cas négatifs, l'assymétrie s'aggrave avec le temps jusqu'à provoquer une inadéquation totale conduisant à la rupture.

Je pense qu'une attitude saine par rapport à l'amour serait d'admettre son univocité essentielle.
Cependant je crois aussi que par miracle, parfois, cette univocité rencontre chez l'autre son exact pareil vécu tout autant dans l'univocité.
Alors une véritable don gratuit, un échange léger et dénué d'attentes ou de réponses, peuvent s'établir entre les partenaires et créer une danse étonnante.
La danse parfaite du yin et du yang réalisant le tout.

6 commentaires:

juliette a dit…

L'univocité, qui est le cas le plus courant est très douloureuse, et nous mettons longtemps à comprendre...et à guérir
Mais si on rencontre la réciprocité, c'est un bonheur si léger
Bises

catherine a dit…

@Juliette

Réciprocité...connais pas !
Je n'ai connu jusqu'à présent que le cas le plus courant..mais je ne désespère pas, qui sait..

Bises

Jean-Marc a dit…

L'on pourrait très bien défendre la thèse opposée : nous tombons amoureux de ceux qui nous aiment qui à leur tour deviennent plus amoureux etc.

Ne faudrait-il pas aussi dans cette réflexion faire la distinction entre "aimer quelqu'un" et "attendre quelque chose de lui" ?

Juste une réflexion. En fait, je ne sais pas.

catherine a dit…

@Jean-Marc

Je n'en sais pas plus.

C'est un blog donc une espèce de journal quotidien ou presque.
J'ai écrit ce billet dimanche et j'en écrirais probablement un autre aujourd'hui (d'ailleurs, j'ai très envie de supprimer ce billet)

Aujourd'hui j'écrirais que l'amour ne survit pas à l'absence de réciprocité et qu'il est heureux qu'il en soit ainsi.

Anonyme a dit…

Barjavel et Pascal Quignard dans leur bouquin respectif disent la même chose: l'amour est la chose la plus égoïste qui soit. Même lorsque deux corps se rejoignent, chacun est tout entier dans la poursuite de son plaisir. Rare sont ceux qui se préoccupe du bien être de l'autre à ce moment précis. On peut voir ce point de vue comme amer et cynique, et pourtant, dès qu'on s'interroge un peu honnêtement, on (moi) je vois bien que l'amour est un éternel marché. Seul l'amour pour l'enfant -et encore pas toujours- parvient à être véritablement un amour totalement désintéressé. Mais entre un homme et une femme, il y a la sexualité, et la sexualité change tout.

Bises Désirée

catherine a dit…

Bonjour Dez,

Je ne suis pas si pessimiste. Je pense que l'on peut évoluer d'un sentiment assez égoïste vers un réel élan gratuit vers l'autre..;
Mais de toutes façons, l'amour est un sujet compliqué à traiter.

Bises