La tête à l'envers

J'ai la tête à l'envers
Je suis un peu poète
Je pars dans mes rêves
En sirotant mon café

Avec une goutte de genièvre...

Je laisse tomber mon carnet
Et l'alcool m'aide...

Mon enfance est retrouvée
Mon cerf-volant se remet à voler
Les fleurs de l'insouciance se sont mises à pousser
Mon chat est venu me lécher

Encore une petite goutte...

Une dernière pour la route...

Même si je confonds les couleurs
Si ma tête devient verte
Si ma bouteille se met à voler

De toute façon
J'ai la tête à l'envers
Je suis un peu poète...


Illustration : Marc Chagall "le poète à la tête verte".

Mère et femme

Entre mère et femme
Je tournoie

Robe de chambre usée
Dessous de soie
Teint blafard
Lèvres peintes
Mine fatiguée
Yeux maquillés

Entre mère et femme
Je tournoie

Je rattache mes cheveux méchés
Je surveille leur déjeuner
De ma nuit enfiévrée
Je tais les secrets
Pas le temps d'y penser
La journée sera chargée...

Entre mère et femme
Je tournoie

Le chat

Par une chaude journée d'été
Elle est couchée
Abandonnée
Dans l'herbe
Seule
Nue
Buvant la chaleur du soleil
De tout son corps gracile
De ses seins pointus
De son ventre lisse

Crevant
Le silence

Soudain

Un bruit

Elle se dresse
S'assied
Se tourne
Se tient en appui
Le visage tendu
Attentive
Souffle retenu

Elle scrute

Elle se sent
Démunie
Fragile
Victime à la merci
D'un regard
Ennemi

Faut-il
Fuir

Affronter
L'inconnu

Verra-t-il en elle
Un hommage à la beauté

Une proie à s'emparer

Ouf

Elle respire
Se calme
Sourit

Ce n'était qu'un chat
Qui passait par là.


PS: Le dessin a été réalisé par Ariane.

La Danaïde de Rodin

Voilà la Danaïde dans le bon sens pour ceux et celles qui préfèrent la voir comme Rodin plutôt que comme Claire Diterzi la voit!

L'épave

J'aime beaucoup Claire Diterzi et sa démarche originale qui consiste à écrire des chansons (paroles et musique) en contemplant des œuvres d'art.

Sa musique à consonance orientale est influencée par ses origines kabyles.

Voici , extrait de son opus "Tableau de chasse", un très beau texte; l'épave....

Sur l'écueil échouée
J'entends ton cœur de pierre
Je suis l'épave
Au tombeau de cheveux
Ton âme blanche

Si tu m'abandonnes
O mon amour
De marbre je resterai

Si tu m'abandonnes
A mon sort d'albâtre
Je me tairai

Mais si tu me couronnes
A tes côtés
Je me prosternerai

Sur ma roche condamnée
J'attends ta main de fer
Je suis l'esclave
Au fourreau de givre
Ton arme blanche

Quelques amis

Une fois n'est pas coutume, je voudrais vous présenter quelques amis.....


Il y a d'abord Boulba, le petit roi !



Pouky, le patriarche qui défie les lois de la longévité lapine !



Et les membres les plus éminents de sa famille....







Il y a la belle Katinka, passionnée de sucres et de sauts d'obstacles







Et l'un de ses frères , ennemi juré des coiffeurs




Alors sa majesté le chat....




Qui n'a pas peur des coups de soleil



Ces dames toujours occupées à cancaner....


Sur le dos de leur voisine....


Et enfin, notre champion de natation.

Je vois

Je vois petite fille
Tes rêves de Sissi




Je vois lolita
Tes rêves de Marie





Je vois mère et femme
Tes rêves partis




Je vois vieille dame
Ton rêve d'Infini

Conjugaison

Laisse moi te ravir
Les flammes de ton âme



Laisse moi te rêver
Dans mes nuits de Shéhérazade



Laisse moi te consumer
Au brasier de mon ventre



Laisse moi te savourer
Au delà de ma pudeur



Laisse moi te caresser
De la pointe de mon cœur





Laisse moi te conjuguer
Jusqu'au verbe aimer




Et je te conjuguerai
Partout
Longtemps
Par tous les temps

Mortel tango !

Rien n'est ni rouge ni noir

Détruire ma glace
Briser mon miroir
Abattre mes cartes

Défais moi
Pétris moi

Dénouer mes fils
Couper mes ponts
Arracher mes cordons

Délace moi
Déshabille moi

Casser ma pierre
Démolir ma barrière
Trancher ma chair

Aime moi
Tue moi

Rien n'est ni rouge ni noir

Danse ce tango mortel avec moi

Texte écrit pour la consigne de Juliette sur Papier Libre.

Promenade

Je pénètre doucement, calmement
Au cœur de ce bois
Qui, je le sais,
Va se transformer
En jardin d'éden
Juste pour moi
Si je peux attendre
D'être accueillie
D'être acceptée
Dans le cercle très fermé
Des habitants de la forêt.



Je marche lentement
Les odeurs se déploient
Le chemin devant moi
Se déroule
Tel un ruban de soie.



Sur un banc
Je me pose
Et je reste
Sans bruit
Sans un mouvement
Et le peuple sauvage
Vient à moi
Amicalement



D'abord les chevreuils craintifs
Bondissent insaisissables
Profitant d'une agilité indiscutable.

Ensuite le renard roux à queue blanche
Furète
L'œil et l'oreille en alerte,
Prêt à disparaître.

Au dessus de ma tête,
Les écureuils se moquent
De l'attraction terrestre
Tête à l'endroit
Tête à l'envers
Qu'importe.



Les ruisseaux et les fontaines me mènent à l'étang.



Les truites et les tanches s'approchent
Curieuses, insoucieuses.



Le héron cendré au loin, se pose,
Distant



Les canards glissent sans fin
Et dansent
Dans ce bal mystérieux
Donné sur un miroir sans teint.



J'entends au loin le pivert
J'entends la mésange
J'observe la sittelle torchepot.



Et puis, il y a des fleurs
Partout
Poussées là
Où le vent les sema.



Alors
Pour un instant
Pour un instant seulement
Je comprends
Pourquoi je vis
Pourquoi l'univers
Pourquoi l'Infini




Je dédie ce texte à Pascale avec qui je vais dans ce bois chaque semaine.